L’histoire du furet

L’histoire du furet

Contrairement à ce qui est souvent dit par abus de langage, le « furet sauvage » n’existe pas ! Le furet est une espèce entièrement créée par l’Homme, à partir du putois sauvage. Le furet ne vit pas seul dans la nature et n’y a jamais vécu. D’ailleurs, un furet abandonné dehors a peu de chances de survivre sur le long terme …

Le genre Mustela (qui compte les furets mais aussi les putois, hermines, belette …)  est apparu au Miocène, il y a environ 20 millions d’années.

 

Domestication du putois

Les premiers putois domestiqués viendraient d’Afrique du Nord, et leur domestication est très ancienne, plus ancienne que celle du chat ! Les premières traces d’utilisation du furet pour la chasse datent du IVème siècle av. J.C. (la domestication ayant débuté plusieurs siècles avant). Les furets utilisés étaient alors albinos, car plus faciles à repérer lors de la chasse !

Le furet était utilisé par les Romains pour la lutte contre les nuisibles (rats, souris) et pour la chasse au lapin. Mais à l’époque, le furet n’était pas le seul mustélidé utilisé dans ce but et il est souvent difficile dans les écrits de distinguer les différentes espèces utilisées.

Le furet est ainsi progressivement devenu un animal de compagnie et le restera durant tout le Moyen Age. Par la suite, le côté animal de compagnie disparaîtra durant plusieurs siècles.

Au cours de la période de conquête du monde, le furet est utilisé sur les bateaux pour dératiser : il est plus petit et plus agile qu’un chat, ce qui le rend adapté à la chasse sur les navires.

Malgré de nombreuses tentatives de réintroduction dans la nature, le furet n’a jamais réussi à survivre à l’état sauvage. En effet, il a été tenté d’établir des populations sauvages de furets dans plusieurs îles, notamment la Nouvelle Zélande, afin de maîtriser les populations sauvages de lapins qui devenaient trop importantes. Mais les colonies de furets finissaient toujours pas s’éteindre. Les seuls colonies ayant survécu sont celles de furets croisés avec des putois sauvages, mais ces colonies finirent par avoir un impact négatif sur l’environnement puisqu’elles détruisaient aussi d’autres espèces (oiseaux etc.).

Le furet fut également utilisé pour sa fourrure, mais le marché est moindre que celui du vison.

 

Le furet comme animal de laboratoire

Après son utilisation pour la chasse, le furet fut exploité comme animal de laboratoire dès la fin de la première guerre mondiale. Il fut utilisé dans de nombreux domaines (gastro entérologie, cardiologie etc.). Mais c’est surtout en virologie que son principal intérêt fut découvert puisqu’il est un des seuls mammifères à souffrir de la grippe : il fut donc utilisé dans la recherche pour les vaccins contre la grippe humain qui faisait ravage à l’époque.

 

Le furet comme animal de compagnie

Le furet existe dans les foyers depuis très longtemps mais ce n’est que dans les années 1970/1980 qu’il devient réellement un animal de compagnie. Les premiers furets vendus comme tels étaient issus des lignées de furets de laboratoire, avec notamment beaucoup d’albinos. Les premiers furets putoisés sont apparus vers le XIXème siècle, a priori par croisement avec des putois. Les principaux fournisseurs étaient les fermes d’élevage intensif Nord-Américaines, chez qui de nombreuses mutations firent leur apparition, ce qui permettait de vendre les animaux plus chers que pour les laboratoires.

Les furets issus des fermes d’élevage étaient vendus stérilisés chirurgicalement et avec ablation des glandes anales. En 1992, l’ablation des glandes anales fut interdite par la loi en Europe, considérée comme une pratique inutile et barbare. Elle reste autorisée lorsqu’elle est pratiquée pour des raisons médicales telles que les abcès chroniques des glandes anales.

C’est encore plus tard, au début des années 2000, que fut mis en évidence le danger de la stérilisation chirurgicale chez le furet (maladie surrénalienne), notamment grâce au développement de la médecine vétérinaire chez cette espèce.  A cette époque, l’implant de GnRH apparaît sur le marché vétérinaire et se révèle être une alternative sécuritaire à la stérilisation chirurgicale. Le furet devient alors le 3ème animal de compagnie en Europe et Amérique du Nord.

Il reste cependant de nombreuses découvertes à faire en matière de santé chez le furet. Le marché financier du furet étant moindre que celui du chien et du chat, les laboratoires y consacrent un budget de recherche inférieur …

 

La différence putois/furet

Attention, le furet était certes un putois à l’origine, mais ce n’est plus le cas ! Désormais, de nombreuses choses les différencient et ils sont scientifiquement considéré comme 2 espèces distinctes (ou parfois deux sous espèces d’une même espèce).

Morphologie :

Au premier regard, les deux se ressemblent beaucoup. D’ailleurs au printemps, on voit fréquemment des particuliers poster des messages sur les réseaux sociaux ou les forums parce qu’ils pensent avoir trouvé un bébé furet dans la nature, qu’ils en sont même sûrs parce qu’ils ont vu des photos de bébés furets sur internet, alors qu’ils ont en fait en face d’eux un bébé putois (ou parfois une autre espèce, fouine par exemple).

Chez le putois, l’albinisme est rarissime puisqu’il offre un désavantage : le putois albinos se fait rapidement repérer et tuer par un prédateur plus gros que lui. Le putois est donc toujours « zibeline » et il est assez foncé (type « dark zibeline ») : il possède aussi une tête plus large que le furet, une mâchoire plus forte et des yeux plus rapprochés. Le furet possède 36 dents alors que le putois n’en possède que 34.

En terme de poids, le putois correspond à un furet de gros gabarit (les mâles font généralement dans les 2kg, ce qui correspond aux plus gros mâles chez le furet). Le putois fut d’ailleurs régulièrement recroisés avec le furet par des éleveurs européens désireux d’augmenter le gabarit des furets qu’ils vendaient. Ceci avait l’inconvénient d’engendrer des furetons avec des caractères peu adaptés à celui d’un animal de compagnie, et ce sur plusieurs générations …

 

Comportement :

Le putois est un animal solitaire, qui se montre très discret. Il vit dans des terriers ou des cavités et se met à chasser à la tombée de la nuit. Il apprécie les milieux humides et la proximité de l’eau. La plupart des putois apprécient les terrains ouverts (steppes, déserts) mais le putois d’Europe lui préfère les sous-bois et les broussailles.

Le putois est un chasseur solitaire, même les jeunes d’une même portée auront tendance à chasser chacun de leurs côtés. Il fait surtout appel à son odorat pour chasser ce qui explique qu’il passe beaucoup de temps à rechercher sa proie en la suivant à l’odeur avant de l’attaquer. L’attaque est très rapide et l’animal est généralement tué en brisant les cervicales. Il se nourrit principalement de lapins, mais aussi de petits rongeurs, d’amphibiens, de poissons et il peut se montrer charognard. Le putois a ainsi tendance à réaliser un « stock » de proies supérieur à ses besoins réels et il accumule les cadavres à proximité de son terrier.

A l’inverse le furet est un animal très sociable : il adore la compagnie de ces congénères et certains éleveurs considèrent même qu’un furet n’est heureux que s’il vit avec un autre furet. Les femelles s’entendant toujours entre elles, mâles et femelles cohabitent également bien. La cohabitation de 2 mâles peut parfois entraîner des bagarres à l’âge adulte, surtout s’ils ne sont pas castrés.

Le furet s’activera plus volontiers en fin de journée mais il s’habitude aussi beaucoup au mode de vie de son maître afin de passer du temps avec lui.

Même s’il n’a pas besoin de chasser pour vivre, le furet possède un redoutable instinct de chasse, ce qui rend la cohabitation avec un lapin/rat/hamster/oiseau de compagnie très risquée ! En une fraction de seconde, il peut se jeter sur l’autre animal pour le tuer … La cohabitation avec les chiens et les chats se passe généralement très bien puisqu’il ne les considère pas comme des proies mais plutôt comme des compagnons de jeu. Le furet, tout comme le putois, a aussi tendance à faire des stocks de nourriture.

Pour finir, le furet a conservé l’instinct de vivre en terrier : il appréciera tout particulièrement les abris qui se rapprochent d’un terrier, les tunnels etc. Si on lui en laisse la possibilité, il se fabriquera un terrier avec une grosse quantité de paille par exemple.

Reproduction :

Mâles et femelles putois ne se rejoignent qu’au moment de l’accouplement. Les mâles possèdent un grand territoire sur lequel aucun autre mâle n’est autorisé à rentrer. Le mâle peut s’aventurer hors de ce territoire pour chercher une femelle.

L’accouplement est similaire à celui du furet, le mâle attrape la femelle par le cou et la tient avec ses dents durant tout le coït (environ 1 heure) puis les deux partenaires partent chacun de leur côté. La femelle putois s’occupe seule des petits, elle fait une portée par an, la naissance ayant généralement lieu entre juin et juillet (la période de mise bas des furets est un peu plus étendue : avril/mai à août). La durée de gestation est identique au furet (6 semaines), de même que la taille des portées (3-7 bébés en moyenne). Tout comme les bébés furets, les petits putois tètent leur mère durant 4 à 5 semaines mais commencent à manger de la viande dès 3 semaines. La durée de vie d’un putois est d’environ 5 ans.

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